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Animer l’espace public : pour une esthétique de l’éphémère ?

Localisation

Centre Max Weber, l’École supérieure d’art et design de Saint-Étienne
Saint Etienne, France

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A propos

Organisé par le Centre Max Weber, l’École supérieure d’art et design de Saint-Étienne, l’Ecole nationale supérieure d’architecture de Saint-Étienne, le laboratoire Cresson de Grenoble en lien avec le Réseau International Ambiances.

 

Présentation

La biennale internationale du design a choisi de placer la question des sens du beau au cœur des formes de vie, des usages et des pratiques qui se livrent et s’énoncent, au gré de leur diversité créatrice et baroque, dans nos sociétés contemporaines mondialisées. L’espace public se trouve aux premières lignes de ce questionnement car là, s’atteste en plein ou en creux, la pluralité des formes et des expériences.

Dans une démarche de dialogue pluridisciplinaire, scientifique et pratique, la thématique du colloque Animer l’espace public. Pour une esthétique de l’éphémère ? propose de rendre compte et de discuter des d’usages et de pratiques d’animation dans l’espace public contemporain, à l’initiative d’habitants ou de professionnels. La multiplicité de ces situations nécessite de mener l’enquête : comment se fabrique la vie citadine selon les contextes urbains ? Comment se construit et se définit notre urbanité ? Elle n’épuise pas la signification de la notion d’ « animation » et invite à interroger son impact sur l’esthétique de l’espace public, La notion d’« esthétique de l’éphémère » empruntée à la philosophe Christine Buci-Glucksmann (2003) articule tout à la fois les formes du beau et leur temporalité réduite – mais s’agit-il précisément de réduction ou de conquête ? – au « moment favorable », à l’attention, à l’occasion. Convoquer l’esthétique dans le questionnement c’est également considérer l’histoire de L’Art de bâtir les villes dont Camillo Sitte (1889), s’insurgeant contre le développement exclusivement fonctionnel de la pensée urbanistique dès son origine, rappelait les fondements artistiques.

L’argument de ce colloque se centre sur l’espace public, envisagé comme un espace ouvert, concret, avec ses matérialités physiques et architecturales, ses ambiances ordinaires ou remarquables, ses pratiques sociales et ses rituels. Dans cet espace public, démultiplié en autant de lieux singuliers et mouvants, aménagés ou non, investis par le quidam, le simple passant ou l’habitant, les politiques publiques marquent de leur empreinte les choix d’aménagement fonctionnels et également de gestion mémorielle ou festive des programmations culturelles. La vie urbaine s’y manifeste également de façon spontanée : ici se livrent les routines du quotidien ou les événements, ici s’exprime sous ses différentes faces l’expression populaire. Cet espace sensible advient ainsi comme espace politique de l’opinion.

L’expression « animer l’espace public » recouvre un ensemble de processus et de situations où se croisent des acteurs tels que programmateur d’événement, accompagnateur de renouvellement urbain, artiste, animateur socioculturel, médiateur, chargé de mission, scénographe, architecte, paysagiste, etc. Selon un agenda précis, le centre ville, le quartier, la rive du fleuve, la friche urbaine, le parvis de l’église, les rues piétonnes ou encore le parking du centre commercial se transforment en espace ouvert à un large public. Passant et habitant deviennent parfois des spectateurs et on attend d’eux qu’ils participent à la manifestation. Il est d’autres situations où l’animation de l’espace s’insère dans le projet même d’aménagement et se veut pérenne quoique soumise aux rythmes urbains. Ainsi, les murs végétaux donnent vie aux façades selon les saisons, les jets d’eau opposent leur bruissement aux bourdonnements du trafic, les nuages d’eau invitent les passants à jouer, les plates-bandes et les embellissements végétaux dessinent des motifs, l’œuvre d’art devient un repère surprenant. Il est enfin les échanges commerciaux qui organisent dans toutes les sociétés les sociabilités urbaines tels que le marché ou la foire. L’expression « la rue animée », évoque la rue marchande, là où la foule se presse. Enfin, les flux, les circulations, les échanges liés aux mobilités animent tous les lieux qui les accueillent :  la gare, le métro ou le tramway.

L’animation de l’espace public dans son esthétique appartient non seulement à l’histoire de l’urbanisme et de l’architecture mais également à l’histoire des passions populaires et des débordements festifs -carnaval, fête foraine, joute sportive- et des arts de la rue, qu’ils se revendiquent ou non comme tels. Le développement de l’animation socio-culturelle et artistique dans nombre d’espaces ouverts (rue, place, parc, friche) et accessibles au grand public est désormais l’une des missions des politiques publiques qui scande l’agenda national et local  (fêtes de la musique, du patrimoine, festivals, biennales, événements sportifs, etc.). L’animation artistique (puisant aux sources de tous les arts) accompagne aujourd’hui de nombreux projets urbains de rénovation ou démolition. Le chantier est parfois l’objet même de l’animation. Le colloque engage la réflexion sous deux axes principaux :

  • Un premier axe interroge l’intervention urbaine (sur et dans la ville) en tant que processus d’animation dans le cadre du projet urbain (rénovation, construction, démolition, aménagement) ou dans sa dimension manifeste à partir de situations contrastées et documentées.
  • Un deuxième axe invite à considérer les pratiques vernaculaires et la création habitante au même titre que l’activation artistique la co-production citoyenne dans différentes situations d’animation formelle ou informelle. Le questionnement s’oriente sur les arts du quotidien et les arts de la rue afin d’appréhender les temporalités urbaines : tempo, rythme, cadence… L’événement (ordinaire ou artistique) et ses pratiques associées marquent la dimension proprement temporelle de la vie urbaine et en interrogent les formes.
Organisation

Présentation

 

 

La biennale internationale du design a choisi de placer la question des sens du beau au cœur des formes de vie, des usages et des pratiques qui se livrent et s’énoncent, au gré de leur diversité créatrice et baroque, dans nos sociétés contemporaines mondialisées. L’espace public se trouve aux premières lignes de ce questionnement car là, s’atteste en plein ou en creux, la pluralité des formes et des expériences.

Dans une démarche de dialogue pluridisciplinaire, scientifique et pratique, la thématique du colloque Animer l’espace public. Pour une esthétique de l’éphémère ? propose de rendre compte et de discuter des d’usages et de pratiques d’animation dans l’espace public contemporain, à l’initiative d’habitants ou de professionnels. La multiplicité de ces situations nécessite de mener l’enquête : comment se fabrique la vie citadine selon les contextes urbains ? Comment se construit et se définit notre urbanité ? Elle n’épuise pas la signification de la notion d’ « animation » et invite à interroger son impact sur l’esthétique de l’espace public, La notion d’« esthétique de l’éphémère » empruntée à la philosophe Christine Buci-Glucksmann (2003) articule tout à la fois les formes du beau et leur temporalité réduite – mais s’agit-il précisément de réduction ou de conquête ? – au « moment favorable », à l’attention, à l’occasion. Convoquer l’esthétique dans le questionnement c’est également considérer l’histoire de L’Art de bâtir les villes dont Camillo Sitte (1889), s’insurgeant contre le développement exclusivement fonctionnel de la pensée urbanistique dès son origine, rappelait les fondements artistiques.

L’argument de ce colloque se centre sur l’espace public, envisagé comme un espace ouvert, concret, avec ses matérialités physiques et architecturales, ses ambiances ordinaires ou remarquables, ses pratiques sociales et ses rituels. Dans cet espace public, démultiplié en autant de lieux singuliers et mouvants, aménagés ou non, investis par le quidam, le simple passant ou l’habitant, les politiques publiques marquent de leur empreinte les choix d’aménagement fonctionnels et également de gestion mémorielle ou festive des programmations culturelles. La vie urbaine s’y manifeste également de façon spontanée : ici se livrent les routines du quotidien ou les événements, ici s’exprime sous ses différentes faces l’expression populaire. Cet espace sensible advient ainsi comme espace politique de l’opinion.

L’expression « animer l’espace public » recouvre un ensemble de processus et de situations où se croisent des acteurs tels que programmateur d’événement, accompagnateur de renouvellement urbain, artiste, animateur socioculturel, médiateur, chargé de mission, scénographe, architecte, paysagiste, etc. Selon un agenda précis, le centre ville, le quartier, la rive du fleuve, la friche urbaine, le parvis de l’église, les rues piétonnes ou encore le parking du centre commercial se transforment en espace ouvert à un large public. Passant et habitant deviennent parfois des spectateurs et on attend d’eux qu’ils participent à la manifestation. Il est d’autres situations où l’animation de l’espace s’insère dans le projet même d’aménagement et se veut pérenne quoique soumise aux rythmes urbains. Ainsi, les murs végétaux donnent vie aux façades selon les saisons, les jets d’eau opposent leur bruissement aux bourdonnements du trafic, les nuages d’eau invitent les passants à jouer, les plates-bandes et les embellissements végétaux dessinent des motifs, l’œuvre d’art devient un repère surprenant. Il est enfin les échanges commerciaux qui organisent dans toutes les sociétés les sociabilités urbaines tels que le marché ou la foire. L’expression « la rue animée », évoque la rue marchande, là où la foule se presse. Enfin, les flux, les circulations, les échanges liés aux mobilités animent tous les lieux qui les accueillent :  la gare, le métro ou le tramway.

L’animation de l’espace public dans son esthétique appartient non seulement à l’histoire de l’urbanisme et de l’architecture mais également à l’histoire des passions populaires et des débordements festifs -carnaval, fête foraine, joute sportive- et des arts de la rue, qu’ils se revendiquent ou non comme tels. Le développement de l’animation socio-culturelle et artistique dans nombre d’espaces ouverts (rue, place, parc, friche) et accessibles au grand public est désormais l’une des missions des politiques publiques qui scande l’agenda national et local  (fêtes de la musique, du patrimoine, festivals, biennales, événements sportifs, etc.). L’animation artistique (puisant aux sources de tous les arts) accompagne aujourd’hui de nombreux projets urbains de rénovation ou démolition. Le chantier est parfois l’objet même de l’animation. Le colloque engage la réflexion sous deux axes principaux :

  • Un premier axe interroge l’intervention urbaine (sur et dans la ville) en tant que processus d’animation dans le cadre du projet urbain (rénovation, construction, démolition, aménagement) ou dans sa dimension manifeste à partir de situations contrastées et documentées.
  • Un deuxième axe invite à considérer les pratiques vernaculaires et la création habitante au même titre que l’activation artistique la co-production citoyenne dans différentes situations d’animation formelle ou informelle. Le questionnement s’oriente sur les arts du quotidien et les arts de la rue afin d’appréhender les temporalités urbaines : tempo, rythme, cadence… L’événement (ordinaire ou artistique) et ses pratiques associées marquent la dimension proprement temporelle de la vie urbaine et en interrogent les formes.
Programme
Jeudi 19 mars

Session1 |  L’espace public à l’épreuve de l’esthétique, de l’historique, du politique

9h00 – Accueil et introduction du colloque

    • Yann Fabes, directeur École supérieure d’art et design de Saint-Étienne
    • Michel Rautenberg, professeur de sociologie, directeur adjoint, Centre Max Weber, Saint-Étienne

Jeudi matin 9h30

Animation : Jean-Paul Thibaud, sociologue et urbaniste, directeur de recherche CNRS, CRESSON-UMR 1563, Grenoble
    • 9h45 – Animer l’espace public. Intentions et attentions

Pascale Pichon, professeure de sociologie, UJM, Centre Max Weber, UMR 5283, Lyon/Saint-Étienne

    • 10h15 – La ville fabriquée, animée, vécue. À quoi sert un questionnement esthétique ?

Jean-François Augoyard, philosophe et sociologue, Fondateur du Centre de recherche sur l’espace sonore et l’environnement urbain, CRESSON-UMR 1563, Directeur de Recherche CNRS

    • 10h45 – De la machine de la fête baroque à la performance urbaine Éphémère éternel :  nécessité, invention et allégorie

Alessandra Cirafici, architecte, professeure, Seconda Università degli studi di Napoli, Université de AVERSA, Naples (Italie)

    • 11h15 – Débat avec la salle

 

    • 11h45 – La dimension politique de l’approche de la ville par le corps en mouvement, l’avant-garde des danseurs citoyens à Tunis

Bahrri Ben Yahmed, Compagnie et Association « Danseurs Citoyens », Tunis, Tunisie

Avec Alissone Perdrix, artiste, documentariste, ESADSE, MEP, Carton-Plein, Saint-Étienne

    • 12h15 – Débat avec la salle

Pause déjeuner

Session 2  |  Les projets urbains et les mutations de l’espace public contemporain

Jeudi après-midi 13h45

Animation : Anne  Lefebvre, philosophe, maître-assistante ENSASE, Saint-Étienne

    • 14h00 – Spectacularisation des espaces publics et culture populaire. Places publiques à Montréal

Anouk Belanger, professeure de sociologie, département information et communication, UQAM,  Québec

    • 14h30 – Occupy République : la nouvelle place de la République à Paris, son succès, nos ambiguïtés

Olivier Peyricot, designer, directeur du pôle recherche, Cité du design

Claire Henneguez, designer, pôle recherche, Cité du design

    • 15h – Débat avec la salle

Session 3  |  Le projet impermanent. Les espaces publics entre animation et persistance

Jeudi après-midi 15h30
    • 15h30 – Intervention du maire de Saint-Étienne, Gabriel Perdriaux

 

    • 15h50 – Table ronde : Le projet impermanent. Les espaces publics entre animation et persistance

Organisée et animée par Silvana Segapeli, architecte, maître-assistante ENSASE Saint-Étienne :

Carlos Campos, architecte, Buenos Aires, Argentine ; Nicolas Tixier, architecte, maître-assistant ENSA Grenoble, chercheur CRESSON-UMR1563 ; Yvan Detraz, architecte, directeur, Bruit du Frigo, Bordeaux

Alessandra Cirafici et Silvana Segapeli assureront la traduction

 

    • 17h30 – Débat avec la salle

Vendredi 20 mars

9h00 – Accueil des participants

Vendredi matin 9h30 : Contrepoint inaugural à la journée proposé par l’Ecole supérieure d’art et design de Saint-Étienne


    • Projection Berlin, symphonie d’une grande ville (90 mn, 1927) de Walter Ruttman

Session 4  |  Les arts du quotidien, la rue et l’éphémère

Vendredi après-midi 13h30
Animation :  Kader Mokaddem, professeur de philosophie, ESADSE/laboratoire IRD, ESADSE, Saint-Étienne
    • 14h00 – Etat de l’art « espace public solidaire » : quand l’art du quotidien rencontre le design
Élodie Jouve, ethnologue et chercheuse associée Centre Max Weber, MRIE, Saint-Étienne
Claire Lemarchand, designer, département recherche Cité du design, Saint-Étienne
    • 14h30 –  Trois manières d’agir et de penser les arts du quotidien
Sandra Trigano (doctorante au Centre Max Weber, Saint-Étienne) rendra compte des résultats de son étude sur la résistance et détournement considéré comme une position d’artiste.
Á partir de son expérience de terrain et des formes collectives de pratiques artistiques, Fanny Herbert (sociologue praticienne, Carton Plein, Saint-Étienne)  proposera une analyse d’une expérience d’un espace public ouvert à partir des catégories d’ordre et de désordre.
Jean-Sébastien Poncet (ESADSE, MEP, Saint-Étienne) au titre de son projet de designer présentera certains de ses travaux qui mettent en débat l’espace public sensible : le rapport à l’animalité par exemple.
    • 15h30 – Débat et pause
    • 16h30 Contrepoint terminal à la journée proposée par l’École supérieure d’art et design de Saint-Etienne

 

    • Projection Opticum vacuum (55 mn, 2008) de Dariusz Kowalski
Résumés et vidéos

Résumé des interventions

Session1 | L’espace public à l’épreuve de l’esthétique, de l’historique, du politique
Animer l’espace public. Intentions et attentions. Pascale Pichon, professeure de sociologie, Centre Max Weber, Université Jean Monnet, Saint-Étienne.
En guise d’introduction, seront posés les termes de l’interrogation initiale : comment comprendre les attentions actuelles portées à l’espace public par des acteurs divers (élus, concepteurs, artistes, habitants/usagers) qui se proposent d’animer – ré-animer –  l’espace public ? Dans quelle tension temporelle  inscrivent-elles l’événement et le rituel, l’éphémère et le durable ?A travers ce questionnement, l’espace public doit être entendu comme un espace sensible et politique. Envisagé dans sa dimension socio-historique et anthropologique, il résulte de deux grandes acceptions : espace matériel et concret avec ses usages et ouvrant aux pratiques culturelles du temps calendaire d’une part, et espace de la circulation des idées, des points de vue et de la fabrication de l’opinion publique, d’autre part. Les manières d’animer les lieux publics dans les villes, via les actions urbanistiques, paysagères, architecturales, via l’animation festive programmée, nourrissent-elles un même sens politique de la vie démocratique, une même confiance dans l’édification d’un bien commun ?
La ville fabriquée, animée, vécue. À quoi sert un questionnement esthétique ? Jean-François Augoyard, philosophe et sociologue, fondateur du Centre de recherche sur l’espace sonore et l’environnement urbain, Directeur de recherche CNRS, Grenoble.
Accéder à la question urbaine par la dimension esthétique n’est pas sans conséquences. Peut-on s’en tenir à la théorie convenue du surplus esthétique : l’ornement, le design, le paysage étant considérés comme un supplément d’âme venant qualifier ou requalifier après-coup une production fonctionnaliste ? Et l’animation, l’action artistique in situ, comme des thérapies événementielles apportant l’éphémère là ou les rigidités spatiales sévissent ? Mais en ce cas, à quoi servirait ce colloque ? Aller plus loin, c’est s’interroger sur la compétence esthétique et sa distribution : quels acteurs la portent, à quel degré, à quel moment du processus de la création urbaine continuée ? C’est se demander comment se répartissent création et réception ? Et encore, quels sont les territoires de l’expérience esthétique ? Quel rapport avec l’expérience sensible ordinaire ? Et, en définitive, si les ambiances et atmosphères urbaines échappent aux définitions univoques et catégorielles, n’est-ce pas que leur nature est profondément enracinée dans le sensible et l’émotionnel, en-deçà des mots et des représentations closes, c’est-à-dire dans un champ esthétique originaire et commun ?
De la machine de la fête baroque à la performance urbaine. Éphémère éternel :  nécessité, invention et allégorie,  Alessandra Cirafici, architecte, professeure, Seconda Università degli studi di Napoli, Université de AVERSA, Naples (Italie).
Notre contribution entend interroger l’origine historique d’un phénomène connu sous le nom  d’“architecture éphémère” qui a commencé à se développer à l’époque de la Rome Baroque du Bernin. Son expression singulière a été forgée dans la culture et le langage qui ont fait la grandeur l’époque du baroque napolitain grâce à des personnalités telles que Cosimo Fanzago, Ferdinando Sanfelice, Domenico Antonio Vaccaro. Portant sur l’importance que la “machine de la fête baroque” a revêtu dans le développement urbain de la ville, dans la définition de l’espace collectif et dans la naissance de l’idée même de “place”, notre réflexion nous amènera à élargir l’horizon de notre propos pour réfléchir à la force du renouveau et de la persuasion que le “provisoire” est en mesure d’engendrer dans la vie des villes de tout temps ainsi qu’au rôle que l’éphémère – en tant que catégorie pour ainsi dire anthropologique – a joué et continue de jouer dans le développement et la définition d’une idée d’espace urbain. Un espace urbain qu’on définit et évalue à travers ses rituels d’usage, ses performances, et cette profonde sensation de surprise, d’émerveillement et de participation que l’éphémère porte avec lui.
La dimension politique de l’approche de la ville par le corps en mouvement, l’avant-garde des danseurs citoyens à Tunis, Bahrri Ben Yahmed, Compagnie et Association « Danseurs Citoyens », Tunis (Tunisie).
L’espace public en Tunisie a toujours été façonné par les regards, les réflexions et les idéologies véhiculés par les pouvoirs en place.  Nul ne pouvait y intervenir. Aucun regard et initiative en dehors du cadre politique n’était pris en compte : ni les citoyens, ni les artistes n’étaient considérés comme des acteurs potentiels portant un regard sur la ville, leur ville. Après la révolution de Janvier 2011, la considération et le regard sur l’espace public ont été complètement bouleversés. La prise de conscience du contre pouvoir et du face à face avec la dictature a pris son vrai sens quand le combat à changé son espace : de l’espace privé vers l’espace public (La rue). Le champs du combat démocratique n’est en fait que l’espace public. Citoyens comme artistes viennent aujourd’hui réclamer leurs droits d’intervenir dans l’espace et de le recréer à leurs images en se l’appropriant. La question aujourd’hui est d’équilibrer les forces et de réajuster le rôle de chacun dans la définition de l’espace public. Celui-ci, aujourd’hui, est un espace libéré de la dictature et du regard unique. Il est devenu grâce à la volonté des révoltés : PUBLIC et participatif.
Session 2 | Les projets urbains et les mutations de l’espace public contemporain
Spectacularisation des espaces publics et culture populaire. Places publiques à Montréal, Anouk Belanger, professeure de sociologie, Département information et communication, UQAM,  Montréal (Québec).
Depuis 2009, l’est du centre ville de Montréal est l’objet d’un projet d’aménagement urbain nommé le Quartier des spectacles(QDS). Depuis le projet initial, la vision de ce quartier a donc évolué jusqu’à devenir celle, véritablement, d’un quartier urbain de près d’un million de mètres carrés. Ce quartier intègre des places publiques et des constructions historiques ainsi que de nouveaux espaces conçus spécifiquement dans le cadre de la mission QDS. Or, puisque la transformation des espaces publics urbains n’est jamais simplement le résultat de processus de fusion et d’assimilation, ce quartier s’est bâti sur les ruines et mémoires du red light district de Montréal. Ce petit bout, devenu au début des années 1920 un des hot spots nord américains de la vie festive et nocturne, est riche d’une histoire d’un siècle de divertissement nocturne, d’animation populaire et de spectacles de toutes sortes. Les espaces publics du quartier des spectacles en portent encore les marques, symboliques, matérielles et culturelles.Je propose donc de considérer à partir d’un croisement axiologique, celui du spectaculaire et du vernaculaire, deux espaces publics du QDS de Montréal, soit la place Emilie Gamelin et la place des Festivals. L’espace public urbain est, de ce point de vue, un lieu par lequel la ville se donne à voir et met en œuvre des processus de représentation symbolique, mais également un espace où se met en scène le spectacle plus diffus que recèle l’expérience de la vie collective au quotidien. Dans les deux cas, l’épaisseur historique ou imaginaire de l’espace public s’inscrit dans la (trans)formation des usages et anime la vie publique de la ville.
Occupy République : la nouvelle place de la République à Paris, son succès, nos ambiguïtés. Olivier Peyricot, designer, directeur du pôle recherche, Cité du design et Claire Henneguez, designer, pôle recherche, Cité du design, Saint-Étienne.
Près de deux ans après l’ouverture officielle de la nouvelle place de la République à Paris, le concert d’éloges et les quelques récriminations qui ont accueilli ce réaménagement se sont dissolus dans une occupation optimisée de sa surface libre. Dès que le soleil pointe, l’endroit est très fréquenté, notamment par des piétons : « ça marche », comme le note Françoise Fromonot dans son texte « Surface de réparation » (Criticat 14). Dernière grande production d’espace public à Paris, République est à l’avant-garde du « réenchantement » : tous et toutes l’occupent, allègrement, dans une grande communion programmatique. Et moi, et moi et moi ?
Session 3 | Le projet impermanent. Les espaces publics entre animation et persistance
Table ronde, Silvana Segapeli, architecte, maître-assistante associée, chercheuse équipe « Transformations » ENSASE, Saint-Étienne, avec Carlos Campos, architecte, Buenos Aires (Argentine) ; Nicolas Tixier, architecte, maître-assistant ENSA de Grenoble, chercheur au CRESSON, Grenoble ; Yvan Detraz, architecte, directeur, Bruit du Frigo, Bordeaux.
 
Il y a quelques années, Giancarlo De Carlo s’exprimait à propos des sondes spatiales aux noms très évocateurs, Spirit et Opportunity, qui avaient été envoyées en mission exploratoire dans l’espace, dans le cadre du projet Mars Exploration Rover (MER). “Non c’è ‘tempo’ su Marte e quindi non c’è ‘storia’” – il n’y a pas de temps, donc il n’y a pas d’histoire- disait-il, saisi par une sorte de regret. Comment un jeune architecte s’y prendrait dans une telle situation, se demandait-il (De Carlo, 1972), en posant une question de base dans le projet contemporain : comment ouvrir la ville à l’instable, au provisoire, à l’éphémère?Il imaginait une communauté installée sous une tente, un énorme abri, qui protégerait par son intimité mais déstabiliserait par sa fragilité. Dans ce scénario il y avait d’un côté la peur d‘une perte des ancrages, des formes reconnaissables de stabilité et, de l’autre, la nécessaire mise en exergue des nouvelles énergies transformatrices, avec toutes leurs retombées sur la conception du projet (adaptation, flexibilité, transformabilité, etc.)Que sont devenus aujourd’hui les « éléments stabilisateurs » de l’espace urbain? (Rowe, Koetter, 1978). Les persistances comme structure vertébrale de la ville ont, peut-être, laissé la place à une probabilité de présence, sous forme de possibilité d’intervention qui laisse des traces et qui anime l’espace avec des interruptions et des reprises, des coupures et des coutures, des cycles ou des permanences aléatoires. “Animer l’espace public” reste alors une forme d’ “exappropriation” (Derrida, 2002), où les traces et leur écriture installent une nouvelle topologie à chaque fois que l’espace est habité et refondé par une nouvelle animation.
Session 4 | Les arts du quotidien, la rue et l’éphémère
 
Etat de l’art « Ville solidaire » : quand le design rencontre les arts du quotidien, Claire Lemarchand, designer, Pôle recherche, Cité du design, Saint-Étienne ; Élodie Jouve, ethnologue, chercheure associée Centre Max Weber, chargée de mission MRIE, Lyon.
Le quotidien est l’environnement princeps de chacun et s’il n’est pas toujours confortable ni passionnant, c’est pourtant là que nos existences se trament. Pierre Macherey nous enjoint d’envisager le quotidien comme « l’extraordinaire de l’ordinaire : ce serait peut-être la meilleure définition possible de la vie quotidienne, celle qui prend en compte sa contradiction fondamentale »; entre le prévisible, le régulé et le jaillissement de l’incongru occupant l’espace public en quête d’une ville moins figée, moins impassible, moins fermée. C’est dans cette mise en tension que nous proposons d’explorer et de poser des postures de créateurs aux prises avec la créativité habitante dans les espaces publics, à travers une sélection de projets créatifs issus de l’état de l’art Création et ville solidaire (Puca/DIHAL).
Trois manières d’agir et de penser les arts et les espaces du quotidien, échanges animés par Kader Mokaddem, professeur de philosophie, laboratoire IRD/ESADSE, Saint-Étienne
Les trois interventions attestent des nouvelles sensibilités urbaines et des manières singulières de construire de nouveaux espaces du sensible, que ce soit par un renouveau initié par les institutions, par les usages de la ville ou par des acteurs volontairement à la marge. Les acteurs, artistes, designers conduisent pour ce faire des pratiques où la relation à l’autre est primordiale. Elle passe parfois par des formes de partenariat mais aussi par des formes plus spécifiques qui relèvent de l’arrangement, de l’accommodement, de l’appropriation des représentations imaginaires et communes des espaces publics.
Ordre et désordre : l’expérience d’un espace public ouvert , Fanny Herbert, sociologue praticienne, co-pilote de CARTON PLEIN, Saint-Étienne.
L’association pluridisciplinaire CARTON PLEIN conçoit et anime depuis 2010 un espace public temporaire et expérimental de 2000m2 à Saint-Étienne : La Cartonnerie. Aujourd’hui en gestion municipale, cet espace ouvert bénéficie d’un statut particulier du fait de son caractère éphémère et de son histoire. Cette expérimentation en situation joue avec les cadres traditionnels de la fabrique de la ville et bouscule les jeux d’acteurs établis, réinterrogeant les normes de l’aménagement urbain. Le processus à l’œuvre oscille en permanence entre quête de légitimité institutionnelle et débordements pour laisser place à d’autres possibles. L’intervention propose un récit d’expérience documenté qui utilise les catégories de l’ordre et du désordre pour rendre compte de l’intensité des échanges autour et au sein de ce projet collaboratif.
Le designer, la ville, l’homme et l’animal, Jean-Sébastien Poncet , designer, ESADSE, MEP, Saint-Étienne.
Je vous propose un récit d’expériences et de prospectives. Il se trouve que plusieurs projets que j’ai pu dessiner, parfois réaliser portent sur les relations homme-animal dans l’espace public. Je me suis rendu compte qu’il est souvent question dans l’espace public d’un contrat social à bâtir entre plusieurs représentations de la relation à l’animal. Elles s’entrechoquent, se combattent parfois. Le design des objets peut nous permettre de faire un transfert de ces points de fixation symbolique. Il peut tout au moins nous aider à cristalliser, formaliser le débat pour renouveler ce contrat social entre l’homme et l’animal.
Les résistances des habitants, membres des milieux culturels alternatifs stéphanois, face à l’animation de l’espace public par les acteurs publics, Sandra Trigano, sociologue, doctorante au Centre Max Weber, Saint-Étienne
L’animation de l’espace public est souvent étudiée du point de vue des acteurs publics. Or, certaines personnes adoptent une posture critique à leur égard. Des habitants, membres des milieux culturels alternatifs stéphanois, pratiquent par exemple l’espace public d’une manière subversive : surveillance de la vidéosurveillance, organisation d’espaces de libre-échange dans l’espace public ou encore explorations pédestres en dehors des sentiers balisés. Sur un autre registre, ces mêmes habitants remettent en cause la nouvelle identité stéphanoise « Saint-Étienne, ville design » que tentent, notamment, de mettre en circulation des acteurs publics locaux. Cela donne lieu à diverses productions imagières ou discursives qui résistent à ce que ces habitants conçoivent comme une image imposée de l’espace commun. Dans ce cadre, il est toutefois possible d’observer des situations de négociations et d’arrangements entre les différents acteurs en présence, comme c’est notamment le cas à propos des activités qui se déroulent au sein du Musée de la Mine de Saint-Étienne. Il s’y passe, par exemple, un festival culturel organisé par les habitants précédemment cités.

Projections filmiques et vidéo

Les Contrepoints de l’ESADSE

Projections filmiques

L’École supérieure d’art et design (Fabrice Lauterjung, Kader Mokadem, Stéphane Lemercier) propose en contrepoint et durant les deux jours du colloque une programmation de projections filmiques et des vidéos dans une salle de séminaire contiguë à l’auditorium.

Berlin, symphonie d’une grande ville (90 mn – ou version de 60mn, 1927) de Walter Ruttman
Ce film naît d’une idée de Carl Mayer (scénariste du Cabinet du docteur Caligari de Robert Wiene et du Tartuffe de F.W. Murnau). Il est construit autour d’une temporalité particulière : les dynamiques de la grande ville sont capturées de l’aube à la nuit. Les mouvements de caméra l’inscrivent dans une attitude moderniste et cherchent à rendre compte de sensations urbaines. Ce film préfigure  de quelques années le travail de Dzyga Vertov, L’homme à la caméra (1929). Le titre évoque une composition synesthésique des sensations et des perceptions dans l’espace urbain. La grande ville est le cadre d’une nouvelle « aisthèsis ». Le film est contemporain des analyses de G. Simmel, S. Kracauer et W. Benjamin sur le bouleversement des perceptions communes dans la ville moderne.
Opticum vacuum, Dariusz Kowalski (55 mn-2008). Auditorium ESADSE
Ce titre éloquent (opticum vacuum: optique-oeil vide ou vaine) renvoie à une expérience actuelle de la vision désincarnée – celle de la vidéo surveillance. Le cinéaste ne propose pas un travail critique, il montre cette perception inédite introduite par la technique qui réalise une esthétique déshumanisée ou de l’inhumain (au sens où F. Lyotard en parlait). Comme le dit la voix off de Stephen Mathewson, artiste anglais, il s’agit bien de composer une image matérielle comme un peintre la travaille. Les images vidéos sont donc des occasions de traiter un matériau iconique et pictural – picture en anglais renvoie à la matérialité de l’image. L’écart entre l’appareillage esthétique et le propos construit, à travers des images de vidéo surveillance de tous les points du monde, un univers du commun, de l’insignifiant où la texture des images l’emporte.
 

Choix de vidéos

Salle de séminaire, platine, Cité du design

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