Location
Saint Etienne, France
Bringing Life to Public Space. An Aesthetic of the Ephemeral?
Aims and argument
The central topic of the symposium on Animer l’espace public. Une esthétique de l’éphémère ? (Bringing Life to Public Space. An Aesthetic of the Ephemeral?) follows on from work carried out over the past five years by the research department at Cité du Design and Centre Max Weber (Research Team 4), on the one hand, and by the research department and the Master’s degree in Espace public – design, architecture, pratiques (Public space: design, architecture, practices) at UJM-ESADSE-ENSASE, in Lyon and Saint Etienne, on the other. Adopting an approach rooted in pluridisciplinary dialogue, the symposium aims to give an account of and discuss situated processes of citizen activation, the uses and practices of outreach in the contemporary public space, whether instigated by residents or professionals.
The argument of the symposium hinges on public space, treated as an open, concrete space, with its physical and architectural materialities, ordinary or remarkable ambiances, social practices and rituals. In this public space, divided up into so many singular and moving places, developed or not, invested by ordinary people, passers by or residents, public policies leave their mark on decisions regarding development, and the commemorative or festive management of cultural events. Urban life also manifests itself here spontaneously: it is here that everyday routines and unusual events unfold, here that the population may express itself in various ways. So this sensory space also operates as a political space for public opinion.
The expression ‘bringing life to the public space’ encompasses a whole series of situations where players meet, people organizing events, assisting urban renewal, artists, socio-cultural energizers, mediators, project leaders, designers, architects, landscape designers and such. To suit a specific agenda, a particular location – perhaps a town centre or neighbourhood, a riverbank or a brownfield site, the front of a church, a pedestrian precinct or indeed the car park of the local supermarket – is converted into an open space accommodating a large audience. Passers by and residents may become spectators and they are expected to take part in the entertainment. Other situations arise in which such efforts to breathe new life into a space are part of a larger project, designed to last despite being subjected to the back-and-forth of urban life. Green walls enliven facades with the changing seasons, the trickle of fountains offers a foil to traffic noise, clouds of water are an invitation to play, flower beds and trees draw patterns and a work of art may become an unusual point of reference. Lastly, in all societies commercial trading, such as markets or fairs, can be the occasion for urban sociability. The expression ‘a lively street’ brings to mind a crowded shopping street. The streams of people and traffic associated with mobility also enliven the sites through which they pass – stations, subway or tram-lines.
The diversity of these situations raises questions about how we make towns and urban life itself, about the social construction of urbanity. It does not exhaust the meaning behind the idea of ‘enlivening’ and prompts us to query its impact on the aesthetics of public space. The idea of the ‘aesthetics of the ephemeral’, which we owe to the philosopher Christine Buci-Glucksmann (2003) articulates this dual question, which the topic of the Biennale de Lyon 2015-16 – the meanings of beauty – prompts us to conceptualize. Drawing aesthetics into our inquiry also entails considering the history of the art of building cities – L’Art de Bâtir les Villes – in which Camillo Sitte (1889) recalled the artistic roots, in his critique of the exclusively functionalist turn taken at the outset by thinking on urban design.
Efforts to instil fresh aesthetic life in public space are not just part of the history of planning and architecture; they are also central to the history of popular passions and festive exuberance – carnivals, fairs, sporting contests – as well as street art, whether or not they lay claim to this quality. Developing socio-cultural and artistic actions in open spaces – streets, squares, gardens and urban wasteland – accessible to the general public has become one of the objectives of public policy, marking the national and local agenda (street parties, heritage events, festivals, biennial gatherings, sporting events, etc.). Artistic actions, with roots in all art forms, now accompany many projects for urban demolition or renewal. The building site itself sometimes becomes the focus of such action. The symposium will prompt debate along two main lines:
- Firstly, to question urban intervention (on and in the city) as an enlivening process within the framework of urban projects (renovation, construction, demolition, development) or in its manifest dimension, drawing on contrasting, documented cases.
- Secondly, to consider vernacular practices and resident creation on a par with artistic activation of resident co-production in various cases of formal or informal action. Inquiry will focus on everyday and street art in order to grasp urban temporalities – tempo, rhythm, cadence, etc. The event, be it amateur or artistic, and the associated practices mark the specifically temporal dimension of urban life and question its forms.
Présentation
La biennale internationale du design a choisi de placer la question des sens du beau au cœur des formes de vie, des usages et des pratiques qui se livrent et s’énoncent, au gré de leur diversité créatrice et baroque, dans nos sociétés contemporaines mondialisées. L’espace public se trouve aux premières lignes de ce questionnement car là, s’atteste en plein ou en creux, la pluralité des formes et des expériences.
Dans une démarche de dialogue pluridisciplinaire, scientifique et pratique, la thématique du colloque Animer l’espace public. Pour une esthétique de l’éphémère ? propose de rendre compte et de discuter des d’usages et de pratiques d’animation dans l’espace public contemporain, à l’initiative d’habitants ou de professionnels. La multiplicité de ces situations nécessite de mener l’enquête : comment se fabrique la vie citadine selon les contextes urbains ? Comment se construit et se définit notre urbanité ? Elle n’épuise pas la signification de la notion d’ « animation » et invite à interroger son impact sur l’esthétique de l’espace public, La notion d’« esthétique de l’éphémère » empruntée à la philosophe Christine Buci-Glucksmann (2003) articule tout à la fois les formes du beau et leur temporalité réduite – mais s’agit-il précisément de réduction ou de conquête ? – au « moment favorable », à l’attention, à l’occasion. Convoquer l’esthétique dans le questionnement c’est également considérer l’histoire de L’Art de bâtir les villes dont Camillo Sitte (1889), s’insurgeant contre le développement exclusivement fonctionnel de la pensée urbanistique dès son origine, rappelait les fondements artistiques.
L’argument de ce colloque se centre sur l’espace public, envisagé comme un espace ouvert, concret, avec ses matérialités physiques et architecturales, ses ambiances ordinaires ou remarquables, ses pratiques sociales et ses rituels. Dans cet espace public, démultiplié en autant de lieux singuliers et mouvants, aménagés ou non, investis par le quidam, le simple passant ou l’habitant, les politiques publiques marquent de leur empreinte les choix d’aménagement fonctionnels et également de gestion mémorielle ou festive des programmations culturelles. La vie urbaine s’y manifeste également de façon spontanée : ici se livrent les routines du quotidien ou les événements, ici s’exprime sous ses différentes faces l’expression populaire. Cet espace sensible advient ainsi comme espace politique de l’opinion.
L’expression « animer l’espace public » recouvre un ensemble de processus et de situations où se croisent des acteurs tels que programmateur d’événement, accompagnateur de renouvellement urbain, artiste, animateur socioculturel, médiateur, chargé de mission, scénographe, architecte, paysagiste, etc. Selon un agenda précis, le centre ville, le quartier, la rive du fleuve, la friche urbaine, le parvis de l’église, les rues piétonnes ou encore le parking du centre commercial se transforment en espace ouvert à un large public. Passant et habitant deviennent parfois des spectateurs et on attend d’eux qu’ils participent à la manifestation. Il est d’autres situations où l’animation de l’espace s’insère dans le projet même d’aménagement et se veut pérenne quoique soumise aux rythmes urbains. Ainsi, les murs végétaux donnent vie aux façades selon les saisons, les jets d’eau opposent leur bruissement aux bourdonnements du trafic, les nuages d’eau invitent les passants à jouer, les plates-bandes et les embellissements végétaux dessinent des motifs, l’œuvre d’art devient un repère surprenant. Il est enfin les échanges commerciaux qui organisent dans toutes les sociétés les sociabilités urbaines tels que le marché ou la foire. L’expression « la rue animée », évoque la rue marchande, là où la foule se presse. Enfin, les flux, les circulations, les échanges liés aux mobilités animent tous les lieux qui les accueillent : la gare, le métro ou le tramway.
L’animation de l’espace public dans son esthétique appartient non seulement à l’histoire de l’urbanisme et de l’architecture mais également à l’histoire des passions populaires et des débordements festifs -carnaval, fête foraine, joute sportive- et des arts de la rue, qu’ils se revendiquent ou non comme tels. Le développement de l’animation socio-culturelle et artistique dans nombre d’espaces ouverts (rue, place, parc, friche) et accessibles au grand public est désormais l’une des missions des politiques publiques qui scande l’agenda national et local (fêtes de la musique, du patrimoine, festivals, biennales, événements sportifs, etc.). L’animation artistique (puisant aux sources de tous les arts) accompagne aujourd’hui de nombreux projets urbains de rénovation ou démolition. Le chantier est parfois l’objet même de l’animation. Le colloque engage la réflexion sous deux axes principaux :
- Un premier axe interroge l’intervention urbaine (sur et dans la ville) en tant que processus d’animation dans le cadre du projet urbain (rénovation, construction, démolition, aménagement) ou dans sa dimension manifeste à partir de situations contrastées et documentées.
- Un deuxième axe invite à considérer les pratiques vernaculaires et la création habitante au même titre que l’activation artistique la co-production citoyenne dans différentes situations d’animation formelle ou informelle. Le questionnement s’oriente sur les arts du quotidien et les arts de la rue afin d’appréhender les temporalités urbaines : tempo, rythme, cadence… L’événement (ordinaire ou artistique) et ses pratiques associées marquent la dimension proprement temporelle de la vie urbaine et en interrogent les formes.
Session1 | L’espace public à l’épreuve de l’esthétique, de l’historique, du politique
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- Yann Fabes, directeur École supérieure d’art et design de Saint-Étienne
- Michel Rautenberg, professeur de sociologie, directeur adjoint, Centre Max Weber, Saint-Étienne
Jeudi matin 9h30
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- 9h45 – Animer l’espace public. Intentions et attentions
Pascale Pichon, professeure de sociologie, UJM, Centre Max Weber, UMR 5283, Lyon/Saint-Étienne
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- 10h15 – La ville fabriquée, animée, vécue. À quoi sert un questionnement esthétique ?
Jean-François Augoyard, philosophe et sociologue, Fondateur du Centre de recherche sur l’espace sonore et l’environnement urbain, CRESSON-UMR 1563, Directeur de Recherche CNRS
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- 10h45 – De la machine de la fête baroque à la performance urbaine Éphémère éternel : nécessité, invention et allégorie
Alessandra Cirafici, architecte, professeure, Seconda Università degli studi di Napoli, Université de AVERSA, Naples (Italie)
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- 11h15 – Débat avec la salle
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- 11h45 – La dimension politique de l’approche de la ville par le corps en mouvement, l’avant-garde des danseurs citoyens à Tunis
Bahrri Ben Yahmed, Compagnie et Association « Danseurs Citoyens », Tunis, Tunisie
Avec Alissone Perdrix, artiste, documentariste, ESADSE, MEP, Carton-Plein, Saint-Étienne
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- 12h15 – Débat avec la salle
Pause déjeuner
Session 2 | Les projets urbains et les mutations de l’espace public contemporain
Animation : Anne Lefebvre, philosophe, maître-assistante ENSASE, Saint-Étienne
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- 14h00 – Spectacularisation des espaces publics et culture populaire. Places publiques à Montréal
Anouk Belanger, professeure de sociologie, département information et communication, UQAM, Québec
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- 14h30 – Occupy République : la nouvelle place de la République à Paris, son succès, nos ambiguïtés
Olivier Peyricot, designer, directeur du pôle recherche, Cité du design
Claire Henneguez, designer, pôle recherche, Cité du design
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- 15h – Débat avec la salle
Session 3 | Le projet impermanent. Les espaces publics entre animation et persistance
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- 15h30 – Intervention du maire de Saint-Étienne, Gabriel Perdriaux
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- 15h50 – Table ronde : Le projet impermanent. Les espaces publics entre animation et persistance
Organisée et animée par Silvana Segapeli, architecte, maître-assistante ENSASE Saint-Étienne :
Carlos Campos, architecte, Buenos Aires, Argentine ; Nicolas Tixier, architecte, maître-assistant ENSA Grenoble, chercheur CRESSON-UMR1563 ; Yvan Detraz, architecte, directeur, Bruit du Frigo, Bordeaux
Alessandra Cirafici et Silvana Segapeli assureront la traduction
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- 17h30 – Débat avec la salle
Vendredi 20 mars
9h00 – Accueil des participants
Vendredi matin 9h30 : Contrepoint inaugural à la journée proposé par l’Ecole supérieure d’art et design de Saint-Étienne
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- Projection Berlin, symphonie d’une grande ville (90 mn, 1927) de Walter Ruttman
Session 4 | Les arts du quotidien, la rue et l’éphémère
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- 14h00 – Etat de l’art « espace public solidaire » : quand l’art du quotidien rencontre le design
Élodie Jouve, ethnologue et chercheuse associée Centre Max Weber, MRIE, Saint-ÉtienneClaire Lemarchand, designer, département recherche Cité du design, Saint-Étienne
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- 14h30 – Trois manières d’agir et de penser les arts du quotidien
Sandra Trigano (doctorante au Centre Max Weber, Saint-Étienne) rendra compte des résultats de son étude sur la résistance et détournement considéré comme une position d’artiste.Á partir de son expérience de terrain et des formes collectives de pratiques artistiques, Fanny Herbert (sociologue praticienne, Carton Plein, Saint-Étienne) proposera une analyse d’une expérience d’un espace public ouvert à partir des catégories d’ordre et de désordre.Jean-Sébastien Poncet (ESADSE, MEP, Saint-Étienne) au titre de son projet de designer présentera certains de ses travaux qui mettent en débat l’espace public sensible : le rapport à l’animalité par exemple.
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- 15h30 – Débat et pause
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- 16h30 Contrepoint terminal à la journée proposée par l’École supérieure d’art et design de Saint-Etienne
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- Projection Opticum vacuum (55 mn, 2008) de Dariusz Kowalski
Résumé des interventions
Ordre et désordre : l’expérience d’un espace public ouvert , Fanny Herbert, sociologue praticienne, co-pilote de CARTON PLEIN, Saint-Étienne.L’association pluridisciplinaire CARTON PLEIN conçoit et anime depuis 2010 un espace public temporaire et expérimental de 2000m2 à Saint-Étienne : La Cartonnerie. Aujourd’hui en gestion municipale, cet espace ouvert bénéficie d’un statut particulier du fait de son caractère éphémère et de son histoire. Cette expérimentation en situation joue avec les cadres traditionnels de la fabrique de la ville et bouscule les jeux d’acteurs établis, réinterrogeant les normes de l’aménagement urbain. Le processus à l’œuvre oscille en permanence entre quête de légitimité institutionnelle et débordements pour laisser place à d’autres possibles. L’intervention propose un récit d’expérience documenté qui utilise les catégories de l’ordre et du désordre pour rendre compte de l’intensité des échanges autour et au sein de ce projet collaboratif.
Le designer, la ville, l’homme et l’animal, Jean-Sébastien Poncet , designer, ESADSE, MEP, Saint-Étienne.Je vous propose un récit d’expériences et de prospectives. Il se trouve que plusieurs projets que j’ai pu dessiner, parfois réaliser portent sur les relations homme-animal dans l’espace public. Je me suis rendu compte qu’il est souvent question dans l’espace public d’un contrat social à bâtir entre plusieurs représentations de la relation à l’animal. Elles s’entrechoquent, se combattent parfois. Le design des objets peut nous permettre de faire un transfert de ces points de fixation symbolique. Il peut tout au moins nous aider à cristalliser, formaliser le débat pour renouveler ce contrat social entre l’homme et l’animal.Les résistances des habitants, membres des milieux culturels alternatifs stéphanois, face à l’animation de l’espace public par les acteurs publics, Sandra Trigano, sociologue, doctorante au Centre Max Weber, Saint-ÉtienneL’animation de l’espace public est souvent étudiée du point de vue des acteurs publics. Or, certaines personnes adoptent une posture critique à leur égard. Des habitants, membres des milieux culturels alternatifs stéphanois, pratiquent par exemple l’espace public d’une manière subversive : surveillance de la vidéosurveillance, organisation d’espaces de libre-échange dans l’espace public ou encore explorations pédestres en dehors des sentiers balisés. Sur un autre registre, ces mêmes habitants remettent en cause la nouvelle identité stéphanoise « Saint-Étienne, ville design » que tentent, notamment, de mettre en circulation des acteurs publics locaux. Cela donne lieu à diverses productions imagières ou discursives qui résistent à ce que ces habitants conçoivent comme une image imposée de l’espace commun. Dans ce cadre, il est toutefois possible d’observer des situations de négociations et d’arrangements entre les différents acteurs en présence, comme c’est notamment le cas à propos des activités qui se déroulent au sein du Musée de la Mine de Saint-Étienne. Il s’y passe, par exemple, un festival culturel organisé par les habitants précédemment cités.
Projections filmiques et vidéo
Berlin, symphonie d’une grande ville (90 mn – ou version de 60mn, 1927) de Walter Ruttman
Choix de vidéos