Localisation
Volos, Grèce
Ambiances en traduction – 2014/2017
Ce Groupement de Recherche International du CNRS (GDRI) a été créé à l’initiative du Réseau International Ambiances et propose d’explorer la problématique des ambiances en traduction. Le mot « traduction » doit être compris ici au sens large du terme, non réduit à une dénotation strictement linguistique, même si ce plan est bien évidemment présent et partie constitutive du projet. En mettant l’accent sur la traduction, il s’agit à la fois de reconnaître la pluralité des versions et modes d’accès aux ambiances, de mettre au travail la notion d’ambiance en l’inscrivant dans un dispositif collaboratif, et d’approcher la thématique des ambiances architecturales et urbaines en s’intéressant aux écarts et déplacements qu’elle convoque.
Mais encore, en thématisant l’ambiance en termes de traduction, nous affirmons un triple positionnement :
- Nous nous situons au croisement des mondes scientifiques, opérationnels et artistiques. Les traductions qui seront entreprises dans le projet s’appuieront sur les acquis de savoirs, méthodes et ressources issus de ces trois mondes.
- La posture générale adoptée peut être définie de pragmatiste. C’est au moyen d’expérimentations que nous souhaitons travailler sur les ambiances, en nous intéressant aux effets produits, conséquences et circulations d’une telle notion.
- La problématique de la traduction fonctionne à la fois comme une entrée dans la thématique des ambiances et comme un principe du travail collaboratif à entreprendre. Le dispositif méthodologique retenu consistera précisément à se « mettre en traduction ».
Cette entrée par la « traduction » peut être déclinée selon quatre plans :
Traduction linguistique : clarification de la notion d’ambiance
Cette première modalité de traduction consiste à rechercher des équivalents dans d’autres langues au terme français d’ambiance. De toute évidence il n’existe pas de mot exactement identique à celui-ci en anglais, en italien, en danois ou encore en portugais… En procédant au travail de traduction, il s’agit ici de faire jouer l’écart entre les cultures et mettre au travail l’« hospitalité langagière » telle qu’en parle Paul Ricœur. Cette mise à l’épreuve de la langue étrangère suppose donc d’abandonner la fiction d’une traduction parfaite et littérale pour lui préférer une entreprise de reformulations successives. En cherchant des équivalents et en s’interrogeant sur la meilleure version possible, c’est à chaque fois un nouveau champ sémantique qui s’ouvre, une nouvelle manière de découper le réel qui apparaît, nécessitant de clarifier autant que possible les acceptions du terme « ambiance » et révélant par là même les potentialités et limites du mot français. En bref, le passage par la traduction linguistique devient un moyen heuristique de déconstruire cette notion, de mettre en évidence ce qu’elle contient d’implicite, de faire apparaître des ressources jusqu’alors inexplorées et d’ouvrir son aire de signification. Il s’agit donc ici de tenter de faire œuvre de clarification.
Traduction disciplinaire : exploration de passerelles scientifiques
Cette deuxième modalité de traduction consiste à construire les conditions d’un échange et d’un apport mutuel entre des champs disciplinaires distincts et pourtant tout aussi partie prenante de la thématique des ambiances. C’est ainsi que l’on peut se demander comment des modèles d’intelligibilité, des méthodes ou des écritures aussi différentes que celles issues de l’anthropologie sensible, de la modélisation informatique, de l’architecture, des études urbaines, de la physique appliquée ou encore du monde de l’art, peuvent chercher à s’entendre, à se rencontrer, voire à s’hybrider et à entrer dans un dialogue fécond autour du monde sensible. Ici, la notion interdisciplinaire d’effet sonore telle que développée au sein du laboratoire CRESSON peut sans doute servir de guide ou de référence pour mettre en place les conditions de ce dialogue. Cependant, il s’agira moins de chercher à construire ensemble un outil interdisciplinaire unique et achevé que d’explorer plus modestement divers ponts, terrains d’entente, et transversalités entre les démarches convoquées.
Traduction sensorielle : expérimentation d’expressions multimodales
Cette troisième modalité de traduction consiste à expérimenter des passages entre les sens. Un des points aveugles de la notion d’ambiance concerne la question de la plurisensorialité, mieux encore de l’intersensorialité in situ. De nombreux travaux ont été développés qui mettent l’accent sur une modalité sensible particulière : la lumière, le son, l’odeur, la chaleur… On peut alors se demander comment s’opère la relation entre diverses modalités sensorielles aussi bien en termes d’expérience habitante que de conception, comment une modalité est susceptible de s’articuler ou d’entrer en résonance avec une autre. Le lien audio-visuel est bien sûr celui qui vient le plus immédiatement à l’esprit (avec les ressources issues du cinéma en particulier) et il sera bien évidemment mobilisé. Mais nous ne souhaitons pas pour autant nous limiter au rapport image/son. D’autres modalités sensorielles toutes aussi importantes en termes d’ambiance seront considérées (odeur, chaleur par exemple), qui mettent à l’épreuve les moyens mêmes dont nous disposons pour les exprimer ou les représenter. Le monde de l’art devrait jouer un rôle important à cet égard.
Traduction professionnelle : prospection de modes opératoires
Cette quatrième modalité de traduction questionne les passages et les circulations possibles entre le monde de la recherche et celui de la conception architecturale et urbaine. Comment les divers acteurs en charge de la conception et de l’aménagement de l’espace se saisissent-ils du domaine des ambiances ? Quels sont les outils, les transferts, et les processus mobilisés pour rendre opératoire la notion d’ambiance dans de tels cadres professionnels ?
Il s’agit de se demander comment le domaine des ambiances se transforme et s’hybride dès lors qu’il est mis à l’épreuve de pratiques de conception et d’enjeux d’aménagement. Le propos consistera ici à s’appuyer sur l’expérience de chaque équipe pour mettre en perspective les divers contextes, pertinences et usages de la notion d’ambiance. Ce plan de traduction sera délibérément orienté vers une démarche prospective, à la recherche de nouveaux modes opératoires en matière de design.
Ces quatre niveaux de traduction sont au cœur du projet. En se situant entre les langues, entre les disciplines, entre les sens et entre les activités, nous mettons en place un dispositif d’enquête (au sens fort du terme) apte à intégrer la complexité du domaine des ambiances et la diversité scientifique et culturelle des équipes.
En nous orientant vers des opérations de clarification, d’exploration, d’expérimentation et de prospection, nous évaluons la possibilité d’une posture pragmatiste en matière d’ambiances. A cet égard, il s’agit moins de faire état d’un savoir constitué ou de s’arrêter à un modèle d’intelligibilité de l’ambiance que de mettre à l’épreuve un domaine de recherche et d’action en train de se faire.
Scientific Officers:
- Jean-Paul Thibaud, AAU-CRESSON, Graduate School of Architecture of Grenoble | International Ambiances Network
- Daniel Siret, AAU-CRENAU, Graduate School of Architecture of Nantes | International Ambiances Network
Support:
Traductions épistémologiques
Le troisième séminaire du GDRI se tiendra les lundi 19 et mardi 20 septembre à Volos (Grèce), juste avant le 3ème Congrès International sur les Ambiances.
L’objectif de ce séminaire est quadruple :
- Prendre le temps d’une discussion scientifique de fond sur l’approche des ambiances par chaque équipe membre du GDRI,
- Ouvrir et poursuivre des works in progress (partition des ambiances initiée à Montréal ; proposition d’un outil pour l’interdisciplinarité),
- Organiser une valorisation collective du travail du GDRI,
- Explorer des pistes de projets communs.
Les participants à ce séminaire seront essentiellement les membres des équipes membres du GDRI (plus quelques discutants invités).
Première journée
Chaque équipe a écrit un texte qui spécifie :
- son approche, positionnement et usage des ambiances,
- éventuellement un petit développement sur les ”ambiances en traduction”.
Chaque équipe a aussi pu proposer une piste de projet commun à discuter.
Tous les textes sont transmis préalablement aux participants au séminaire.
Deux lecteurs privilégiés sont plus spécifiquement désignés pour chaque texte. Ces lecteurs sont chargés de commenter le texte en question pour initier la discussion générale.
40 minutes sont prévues pour chaque équipe :
- 5 mns (discutant 1) + 5 mns (discutant 2)
- 10 mns (présentation par les membres de l’équipe)
- 20 mns de discussion collective.
La journée se termine par une discussion collective animée par un discutant.
Seconde journée
La matinée est consacrée à deux Works in progress :
- Suite du workshop de Montréal : Regard d’Hexagram – Quelles leçons à tirer ? – Expérimenter une partition.
- Un outil pour la traduction interdisciplinaire des ambiances : Présentation du dispositif – Experimentation en petits groupes – Discussion collective.
L’après-midi est orientée vers la valorisation collective du GDRI et sa mise en œuvre effective, la discussion de pistes de projets communs, et l’évocation du 4ème séminaire du GDRI à Milan en 2017.
- Niels Albertsen (Aarhus, Denmark)
- Imme Bode (Hamburg, Allemagne)
- Marco Boffi (Milan, Italy)
- Laure Brayer (Grenoble, France)
- Christian Bujold (Montréal, Canada)
- Cecilia Chiarini (Milan, Italy)
- Osnildo Wan Dall (Salvador, Bahia, Brasil)
- Claude Demers (Québec, Canada)
- Cristiane Rose Duarte (Rio de Janeiro, Brazil)
- Rainer Kazig (Grenoble, France)
- Thomas Leduc (Nantes, France)
- Damien Masson (Cergy-Pontoise, France)
- Eugenio Morello (Milan, Italy)
- Barbara Piga (Milan, Italy)
- Ethel Pinheiro (Rio de Janeiro, Brazil)
- André Potvin (Québec, Canada)
- Evangelia Paxinou (Volos, Greece)
- Daniel Siret (Nantes, France)
- Jean-Paul Thibaud (Grenoble, France)
- Irene Vegetti (Milan, Italy)