Dans le cadre du Réseau International Ambiances, trois journées de travail sont organisées en France entre janvier et juin 2009. Ces journées exploratoires traitent de la question du partage de l’expérience sensible en milieu urbain.
Ces journées ont un double objectif : ouvrir la thématique des « ambiances urbaines en partage » et en faire un des axes de travail du réseau ambiances ; contribuer à la préparation du colloque sur ce même thème qui se tiendra à Rio de Janeiro les 4-5-6 novembre 2009.
Comment les ambiances urbaines expriment-elles des formes de sensibilité partagées et des manières d’être ensemble ? En quoi reconduisent-elles des modes de coexistence en espaces publics ? Quelle place occupe le sensible dans la constitution des cultures et des sociabilités urbaines ? En posant de telles questions, il s’agit de mettre la culture ordinaire à l’épreuve du sensible et de relire les enjeux de l’interculturalité à l’aune de la question esthétique. Plutôt que de concevoir les cultures comme des ensembles homogènes, clos sur eux-mêmes et souvent réduits à des variables ethniques, nous proposons de les décrire comme des processus dynamiques d’ajustements, de transformations et de sédimentations des cadres sensibles de la vie quotidienne (toutes modalités sensorielles confondues). Avec l’ambiance, il en va d’une nouvelle façon d’aborder l’expérience urbaine, en se rendant particulièrement attentif aux formes sensibles de la vie sociale, aux sensations ténues d’imprégnation d’un lieu, aux expressions corporelles des citadins, et aux manières d’être souvent infra-conscientes qui nous mettent en contact avec autrui.
Pour aborder ces questions, nous nous intéresserons plus particulièrement au dépaysement en milieu urbain. Le dépaysement spécifie un rapport au monde environnant marqué par une perte momentanée des repères de la vie quotidienne et du système de pertinence sur lequel nous nous appuyons dans nos affaires courantes. Cette brèche dans les habitudes peut avoir lieu aussi bien dans le cas d’un voyage à l’étranger, au cours d’une intervention artistique en ville, suite à la prise de substances illicites, en lien avec un événement particulièrement énigmatique et inattendu, etc. Nous ne limitons donc pas le phénomène de dépaysement à une composante strictement spatiale ou géographique. En opérant une déstabilisation des routines perceptives, un dérangement de l’ordinaire urbain et un décentrement du sujet percevant, le dépaysement nous aidera à mettre à jour ce qui confère à un espace public ou à une situation urbaine son visage plus ou moins familier. C’est donc en envisageant les ambiances familières dans leur relative étrangeté que nous seront les plus à mêmes de nous interroger sur les évidences de la vie sensible en commun.
L’entrée par le dépaysement constituera le fil conducteur des trois journées de travail qui se déclineront comme suit :
- Journée Corps et intercorporéité en espaces publics co-organisée à Lyon par Yves Winkin, Anne Jarrigeon et Rachel Thomas
- Journée Esthétique ordinaire et mémoire sensible co-organisée à Grenoble par Sandra Fiori et Nathalie Simonnot
- Journée Politique du sensible et langages de la ville co-organisée à Paris par Henri-Pierre Jeudy et Nicolas Tixier
Coordination : Jean-Paul Thibaud – Responsable du Réseau International Ambiance(s)
