Dr. Carsten Friberg - Professeur adjoint, École d'architecture d'Aarhus, Danemark Dr. Guillermo Guimaraens Igual - Profesor Contratado Doctor (Maître de conférences en CDI, titulaire d'un doctorat). Département de composition architecturale, E.T.S. Architecture. Universidad Politécnica de Valence (Espagne) Dr. Juan José Tuset Davó - Professeur adjoint, École d'architecture d'Aarhus, Danemark
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Photos : © Carsten Friberg
Dessins de Hugo Antonio Barros de Rocha Costa, Professeur adjoint, Département d’expresssion graphique architectonique à l’E.T.S. d’architecture. Universidad Politécnica de Valence (Espagne).
L’atmosphère est une matière éphémère à travailler. Le concept est aussi vague qu’il est exhaustif. Il est aisé de se faire une idée d’une atmosphère par rapport à des lieux ou à des zones géographiques mais lorsqu’il s’agit d’être plus précis quant à ce qui les caractérise, cela devient beaucoup plus complexe.
Si l’on pense aux différences entre une atmosphère méditerranéenne et une atmosphère scandinave, on fera probablement référence à la lumière et au climat, ainsi qu’à l’organisation et à l’utilisation des espaces publics. Mais qu’en est-il lorsque l’on aborde des questions architectoniques plus spécifiques sur les atmosphères méditerranéennes et scandinaves ?
En mars, nous avons amené deux groupes d’étudiants en architecture ensemble à Valence (Espagne) pour un atelier sur l’atmosphère : un groupe espagnol (incluant un Italien) de l’E.T.S. d’architecture, Universidad Politécnica de Valence et un groupe danois (incluant des étudiants d’Islande, de Norvège et de Finlande) de l’École d’architecture d’Aarhus.
L’idée était de faire travailler les étudiants ensemble à préparer des interventions dans des lieux publics dans l’optique de modifier l’atmosphère du lieu en question. Les interventions étaient liées aux éléments caractéristiques de la ville espagnole.
On a pu immédiatement observer que les similitudes entre les étudiants espagnols et scandinaves étaient beaucoup plus évidentes que les différences. Le programme architectural a été établi immédiatement au-delà des différences, qu’elles soient géographiques ou éducatives, l’institution espagnole étant une université technique et l’établissement danois se situant dans la tradition des beaux-arts. Peut-être la communauté immédiate a-t-elle également quelque chose à voir avec le fait que l’atmosphère de l’atelier soit ouverte, curieuse et créative. L’atmosphère, indépendamment de son lien avec l’environnement physique, est, dans une très grande mesure, une question de relations humaines.
Le facteur humain a peut-être été l’élément déterminant des interventions. Le projet devant être décidé et réalisé en trois jours, il n’était guère possible de se lancer dans des interventions physiques dépassant de simples objets. L’une des observations faites fut de découvrir à quel point une intervention devait être étonnamment forte pour susciter une réaction des spectateurs[1]. Il semblait plus facile de créer une interaction lorsque des objets étaient en jeu, même si cela pouvait impliquer une invitation à interagir.Bien entendu, une semaine d’atelier ne fournit pas beaucoup de réponses mais soulève plutôt davantage de questions pour de futures expériences. La réflexion sur les éléments architectoniques plus spécifiques faisant écho aux atmosphères méditerranéennes et scandinaves est susceptible d’attirer l’attention sur l’importance de l’intervention corporelle, à la fois pour son influence sur un lieu et en tant qu’élément de travail sur les atmosphères. Nous réagissons à la présence physique des personnes d’une manière explicite et implicite, dans la mesure où nous communiquons constamment avec les autres et la présence des gens influence fortement l’atmosphère. De même, la présence physique est une manière d’analyser un lieu car elle révèle beaucoup sur la manière dont il est perçu et utilisé et sur la façon dont on peut intervenir dessus, ce qui soulève des questions sur notre manière de percevoir, qu’il s’agisse de la manière dont nous percevons les atmosphères de différents lieux géographiques ou de savoir si nous devons avoir une perception corporelle lorsque nous parlons d’atmosphères, c’est-à-dire par l’action, le déplacement et l’activation de tous les sens.
[1] NdT : le terme anglais utilisé dans le texte original était « bypasses » (dérivations, contournements) mais le sens de la phrase laisse penser que l’on a voulu écrire « bystanders » (spectateurs).